28 avril 2017, nous quittons au petit matin la tumultueuse Pokhara en bus, direction Nayapul. Avant d’entamer le célèbre trek de l’« ABC » (Annapurna Base Camp), nous allons échauffer nos gambettes sur le trek de Poon Hill, réputé pour son panorama sur la chaîne Himalayenne.
Jour 1 : premières courbatures et remise en cause du trek
A la sortie du bus, nous marchons jusqu’au poste de contrôle pour montrer nos permis de trek. On se rend compte par la même occasion qu’on est descendus trop tôt du bus et qu’on aurait pu s’épargner quelques centaines de mètres… Oui on est comme ça, on aime se rajouter des bornes inutilement… 😩
Avant d’entamer cette nouvelle « expédition » et pour que ça soit plus parlant, voici la carte du trek de Poon Hill :
A partir de Tadapani, au jour 4, nous rejoindrons Chomrong et le trek de l’ABC.
Le début du chemin monte tranquillement. Les paysages sont verdoyants.
Nous traversons des petits bourgs et longeons des cultures en terrasse. Les habitants sont habitués à croiser quotidiennement des marcheurs, d’ailleurs beaucoup vivent du tourisme.
Nous sommes seuls la plupart du temps mais il arrive que nous soyons ralentis par des groupes. Ce trek est très populaire car il est court et d’un niveau accessible. On se rend compte que les marcheurs sans guide et sans porteur comme nous sont très minoritaires. Ça nous étonne un peu…
Les gens que nous croisons dans l’autre sens sont emphatiques sur la rando mais nous avertissent : les « marches de la fin de journée » risquent de nous achever. Du coup on décide de ne pas s’arrêter déjeuner à midi et de tracer pour voir jusqu’où on peut aller aujourd’hui.
L’ascension de ces fameuses « marches de la fin de journée » arrivent en début d’après midi. Le soleil tape. Le niveau des marches en pierre varie, difficile donc d’avoir un rythme régulier. Pour les petites jambes d’Anaïs, le franchissement des plus hautes s’apparente parfois à de l’escalade !
Ça chauffe sérieux dans les cuisses et les fessiers. Et le ventre qui commence à gargouiller… Nous croisons 2 randonneurs qui soutiennent leur amie qui s’est sans doute foulé ou cassé la cheville. Ça nous rappelle des souvenirs… (cf la fracture de la malléole d’Anaïs en haut d’un volcan en Indonésie).
Nous arrivons finalement vers 14h à Ulleri. Nos corps sont épuisés, il est difficile de lever la jambe et le village qui n’est qu’un enchaînement d’escaliers… On se pose au hasard à la Kamala Guesthouse où nous négocions la gratuité de la chambre contre un repas et un petit déjeuner dans leur restaurant.
La douche chaude est inespérée (on s’était préparé psychologiquement à puer le yack pendant 8-11 jours…). On lit, on écrit notre journal de bord, on admire au loin nos premières montagnes, on se remet en doute aussi… Serons-nous capables de garder ce rythme pendant les prochains jours ?
Enfin, ça s’était avant le drame bien sûr. Avant de partir, nous avons réparti notre argent dans différents endroits stratégiques de nos sacs. Ce soir, Nico veut tout rassembler pour recompter. Problème : on se retrouve avec beaucoup moins de billets que prévus ! What !? Il semblerait qu’on en ait oublié une partie dans nos affaires laissés à l’hôtel de Pokhara ! 2ème problème : le peu qu’on a ne suffira pas à payer la nourriture sur l’entièreté du trek. 3ème problème : il n’y a aucun ATM sur le parcours du trek, le premier étant à Nayapul, d’où l’on vient…
On a beau se creuser les méninges, on ne voit pas d’autres solution que de faire un aller retour dans la vallée ou alors d’avorter le trek mais ça on a du mal à l’accepter…
Au dîner, on se contente d’un simple plat de pâtes qui ne comble pas notre faim et partons nous coucher, un peu déçus de l’issu de cette journée 😕
Les chiffres de la journée :
10,40 kilomètres
420 mètres de dénivelé négatif
1 400 mètres de dénivelé positif
5h de marche
Jour 2 : petite journée, l’espoir renaît
Nous démarrons très tôt la rando (5h45 !) pour être tranquilles sur les chemins et… éviter d’avoir à prendre un petit – déjeuner.
La marche débute par… des escaliers !! Oh joie oh bonheur ! Les douleurs de la veille se réveillent. Nous pénétrons dans une forêt, les rayons du soleil transpercent les arbres et nous réchauffent. On s’arrête, on tend l’oreille : le silence est seulement interrompu par le bruit du ruisseau et le gazouillement des oiseaux. C’est tellement apaisant.
Nous arrivons finalement avant 11h à Ghorepani (2 874 m). Nous n’irons pas plus loin aujourd’hui car nous voulons faire Poon Hill au lever de soleil, il paraît que c’est magique. Ghorepani n’a aucun charme. Le village est une succession d’hôtels et de restaurants… Restriction budgétaire oblige, nous prenons nos quartiers dans une guesthouse qui ne paie pas de mine. Les chambres ne sont pas isolées du froid et ne sont séparées que par quelques planches et la douche, qui fonctionne avec une batterie, se prend quasiment à l’air libre…
Bientôt, l’orage gronde. La pluie puis la grêle tombent avec fracas sur le toit de tôle. Comme lors d’un dimanche pluvieux, nous nous emmitouflons sous la couette et regardons un documentaire sur la tablette.
Même si la guesthouse n’est pas au top du luxe et du confort, nous ne regrettons pas de nous y être arrêtés car il n’y a aucun groupe, seulement quelques voyageurs dont 3 français avec qui nous sympathisons. Leurs récits de voyage au Tibet sont passionnants. Nous espérons vraiment pouvoir nous y rendre un jour… sans guide…
L’une des françaises, Monique, va devenir notre héroïne jour. Elle accepte de nous donner les 70€ qu’il lui reste et que nous lui remboursons par virement PayPal puis échangeons nos euros contre des roupies avec une dame de la guesthouse. Une transaction improbable mais qui sauve notre trek ! On a le sourire 😃
Nous assistons en cuisine à un petit cours de préparation de Momos, dînons, puis, après un peu de lecture autour du poêle, nous nous couchons tôt en croisant les doigts pour que le temps s’améliore cette nuit pour notre ascension du Poon Hill…
Les chiffres de la journée :
7,5 kilomètres
210 mètres de dénivelé négatif
1 040 mètres de dénivelé positif
4h30 de marche
Jour 3 : quelle vue !
4h, le réveil sonne. Coup d’œil par la fenêtre, les étoiles scintillent, le ciel est parfaitement dégagé, l’ascension de Poon Hill se fera bien aujourd’hui 🙂
A la lueur des frontales nous montons les marches sans nous arrêter en gardant un rythme régulier (c’est la clé !). Nous ne sommes évidemment pas seuls. Cela nous rappelle, avec nostalgie, les ascensions du Pic d’Adam et du Fitz Roy. Après 40 minutes de montée, nous atteignons Poon Hill (3 210 m).
Nous attendons, transits de froid, que le show du lever du soleil commence.
Le soleil apparaît enfin à droite du Machapuchare et éclaire petit à petit les montagnes. Le spectacle est magnifique.
Le panorama sur la chaîne Himalayenne est saisissant. Dhaulagiri, Nilgiri, Annapurna, Machapuchare… On peine à réaliser que ces géants culminent au minimum à 6 000 mètres d’altitude.
Les séances photos s’enchaînent…
La redescente est rapide et après un bon petit déjeuner sur la terrasse (enfin !), nous reprenons les bâtons et poursuivons le trek.
Encore de la montée… pas facile… on se traîne un peu… Mais nous sommes encore récompensés par un beau point de vue.
La suite du parcours traverse une forêt d’arbres tortueux.
La saison des rhododendrons est passée mais quelques jolies fleurs roses sont encore visibles.
Nous ne faisons pas beaucoup de pauses histoire de distancer les groupes et de marcher seuls (sans témoin, sans personne).
Enfin presque seuls car les porteurs eux non plus ne chôment pas. Ils doivent arriver aux lodges et tout préparer avant l’arrivée des touristes et des guides. Leur charge est énorme (souvent proche des 50 kg voire plus) et eux sont si… frêles et pourtant tellement véloces… Nous discutons avec l’un d’eux qui est porteur pour compléter son salaire d’éleveur. La paie est bien maigre et l’éloignement avec sa famille est difficile. Oui, le tourisme fait vivre beaucoup de népalais… mais dans quelles conditions ? Certaines agences seraient davantage respectueuses des conditions de travail mais il n’est pas toujours évident de démêler le vrai du faux, surtout en réservant son tour depuis la France… Nous pensons donc qu’il est du devoir des randonneurs de vérifier les charges portées avant de partir en trek. Oui les népalais ont développé des capacités importante de portage, mais restons humains…
Le chemin n’est que succession de montées et descentes. La dernière grimpette nous achève, les jambes ne veulent plus avancer. Nous nous arrêtons donc à Tadapani, pour cette nuit.
Les chiffres de la journée :
10,5 kilomètres
1 300 mètres de dénivelé négatif
1 120 mètres de dénivelé positif
5h de marche
Le lendemain, le lever de soleil, sur fond orageux, sur le Machapuchare nous hypnotise.
Nous entamons maintenant le trek de l’Annapurna Base Camp et ce qu’on peut dire, c’est que l’entrée en matière va être plutôt… revigorante !
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