La pierre, l’eau et la terre

Après la frénésie touristique de Luang Prabang, nous ressentions le besoin de nous reconnecter avec le Laos des campagnes et avec la nature. Nous continuons donc notre périple vers le sud, avec un premier arrêt à Thakhek.

 

On a testé pour vous le bus de nuit laotien

Depuis le début du tour du Monde, nous cumulons pas mal de trajets en bus de nuit. Gain de temps et gain d’argent ! Le Myanmar nous en avait fait un peu baver avec des bus inconfortables et des arrivées en plein milieu de la nuit, on redoutait donc un peu les trajets au Laos… L’arrivée à la frontière semblait nous donner raison (voir l’article).

Pour le trajet Luang Prabang – Thakhek, nous nous sommes fait plaisir en réservant un bus de nuit VIP version couchettes jusqu’à Vientiane, la capitale (nous changerons ensuite de bus pour la fin du trajet). Première surprise en arrivant dans le bus : les couchettes se révèlent être des « lits » doubles ! Sympa pour nous, moins pour les voyageurs solo qui se retrouvent à dormir collé serré avec un/une inconnue… Il y a deux niveaux, nous sommes en bas. On se croirait en dortoir de colonie de vacances ! Deux français montent à la dernière minute, ils ont payé un peu moins cher pour dormir par terre, dans le couloir (heureusement rembourré, il semble qu’ils aient prévu le coup !).

C’est une sensation assez étrange d’être allongé et de rouler en même temps. La route n’est pas mauvaise mais sitôt que l’on veut dormir sur le côté on se retrouve ballotés. Deux minettes ne cessent de discuter à voix haute jusque tard dans la nuit. Arrive la pause repas tant espérée. On nous avait dit qu’un dîner était compris dans le prix. Entendons par « dîner » : manger une soupe de noodles pas terrible à 1h40 au milieu de nulle part. De quoi mettre Nico de bonne humeur… La suite se passera sans encombres et nous arriverons à dormir. Bilan en demi teinte donc pour le bus couchettes VIP, finalement on dormira aussi bien dans les bus locaux !

 

On passe en mode bikers !

Thakhek est une petite ville sans trop de charme. Sa particularité est qu’elle est bordée par le Mékong et que sur la rive d’en face se trouve la Thaïlande. On trouve très difficilement une chambre (tout est hors de prix ou full) et on se repose une journée histoire de préparer le trip en moto (admirez au passage le couvre-lit rose Bob l’Éponge, de toute beauté !).

Le matin, après un bon petit déjeuner au bord du fleuve, nous prenons la route pour 4 jours de scooter dans les environs. Pour la première fois Nico conduit un semi-automatique (c’est moins cher !), la prise en mains se fait rapidement.

 

Jour 1 : de Thakhek à Thalang (105 kms)

A peine sortis de la ville, nous nous retrouvons au milieu des paysages karstiques de la province de Khammouane. C’est très beau, avec les champs et les rizières en premier plan…

Nous débutons les visites par la grotte de Tham Xieng Liap. Au premier abord, il est impossible d’avancer dans le souterrain mais Nico trouve finalement un petit chemin sur la droite. On doit traverser une petite portion les pieds dans l’eau pour arriver dans une superbe cavité avec deux sorties sur la vallée.

La prochaine étape est une zone de baignade dans une rivière non loin de là, Tha Falang. Ça tombe bien, il fait super chaud (environ 30 degrés ) ! L’eau est fraîche, c’est vivifiant. Anaïs redoute un peu les gros poissons de rivière mais mis à part un ou deux requins blancs il n’y a rien à signaler 😉

On poursuit la route vers une autre grotte, la Tham Pha Inh. Comme la précédente, elle se mérite puisqu’il faut longer une paroi rocheuse en mode escalade. On ne s’attendait pas à trouver ceci :

Un superbe cours d’eau circulant sous terre et éclairé par un grand puits de lumière. Depuis le début de la journée, nous nous suivons avec un petit groupe composé de 2 allemands et d’un français, Séverin, rencontré à Muang Ngoi. Ils se motivent avec Nico pour nager. Malgré une eau très très froide, la baignade se révèle spectaculaire puisqu’ils se retrouvent juste en dessous du puits de lumière.

Il est déjà 14h passé, on commence à entendre nos estomacs protester mais il n’y a pas de restaurants sur le bord de route, on pousse donc jusqu’à Tham Nang Aen, la seule grotte payante de la journée. Alors là, comment dire… on est dans un autre délire ! La grotte en elle-même est jolie mais on ne sait pas quelle mouche a piqué les laotiens puisqu’ils l’ont transformée en « boîte de nuit » (sans la musique). Les roches sont éclairées de toutes les couleurs, il faut aimer… Perso on n’a pas trop vu l’intérêt.

On mange sur le site en compagnie de la petite troupe. On apprend que Marvin, l’un des allemands, s’est fait volé son sac à dos sur le parking de la dernière grotte. Ce n’étaient que des vêtements mais il regrette d’avoir juste attaché son sac avec de la ficelle… Les vols d’affaires et de scooters ne sont malheureusement pas rares, il convient donc d’être prudent et de tout sécuriser.

La dernière étape de la journée ne sera pas un site mais la route en elle-même. Avant d’arriver à Thalang, nous traversons en effet des paysages magnifiques et très singuliers. Là où l’on pose le regard, nous percevons des forêts d’arbres morts immergées dans un lac. La lumière de fin de journée sublime les lieux…

 

Jour 2 : de Thalang à Konglor (161 kms)

Comme à notre habitude au Laos, nous avons trouvé un bungalow en bord de lac, quoi de mieux pour se reposer ! Nico se motive pour le lever de soleil, qu’il est courageux mon homme 😀

Une grande journée de route nous attend aujourd’hui. Les paysages sont sympas, on fait quelques pauses en bord de route pour prendre des photos et se dégourdir les fesses 😉

Anaïs avait lu sur des blogs que la portion de route entre Thalang et Laksao n’était pas terminée et que la conduite sur piste y était difficile. On redoutait donc un peu. Finalement la route, toujours en travaux, est souvent aplanie. Il subsiste quelques petites portions avec des ornières, des nids de poule et du sable mais en allant doucement c’est passé tout seul ! Ouf !

Petite pause vers midi au temple de Laksao…

…suivie d’une baignade dans des cold waters (10 000 kips, environ 5 kms après le panneau en suivant la piste principale). Ce bassin naturel d’un bleu turquoise est le rdv des jeunes du coin. A la sortie de l’école, ils viennent y faire quelques plongeons et chahuter dans l’eau. On parlait de la douceur de vivre au Laos, en voilà encore un exemple.

On reste une bonne heure à barboter et à buller puis il est temps de reprendre la route. Les derniers kilomètres sont difficiles, on a mal partout, le jour commence à décliner. Au passage d’un pont, nous apercevons en contre-bas des embarcations faites à partir… d’obus ! Le Laos possède en effet le triste record d’être le pays à avoir été le plus bombardé de l’histoire. Les mines antipersonnelles sont une véritable plaie encore aujourd’hui (en moyenne un mort par jour dans le pays).

Nous nous installons à la Enjoy Boy guesthouse à Konglor, une petite adresse super sympa en bordure de rivière. Nous nous régalons au restaurant juste en face en discutant avec un suisse et une française et tombons vite dans les bras de Morphée.

 

Jour 3 : de Konglor à Ban Nahin (41 kms)

Après avoir été réveillé aux aurores par les coqs et les chiens (comme toujours au Laos), nous partons à pieds vers la grotte de Konglor. Le matin, la vie bat son plein au village. Les habitants nous lancent des «sabaidi ! » avec un grand sourire. Un petit bonhomme fournit Anaïs en bonbons.

Arrivés devant les grilles du parc de Konglor, on se fait « arnaquer » (avec le sourire !) par le vendeur de tickets qui nous rend la moitié de notre monnaie… Mais Nico veille au grain ! La particularité de la grotte de Konglor est qu’elle traversée par une petite rivière navigable de 7,5 kms de long ! D’un point de vue historique, il faut savoir que ce lieu a servi de refuge aux habitants du village pendant les bombardements de la 2ème guerre d’Indochine. Les habitants par ailleurs découvert que la grotte avait une sortie en voyant un canard naviguer en sens inverse 🙂 On s’équipe de superbes gilets de sauvetage, de tongs et de lampes frontales et c’est parti pour la traversée !

C’est une sensation assez étrange de s’enfoncer pendant si longtemps sous terre. Les cavités se succèdent, plus ou moins étroites, plus ou moins hautes. C’est impressionnant ! On se sent tout petits… Nous faisons une petite balade à pieds pour admirer les stalactites et les stalagmites.

Après 45 minutes de navigation, nous débouchons de l’autre côté de la grotte, dans une vallée verdoyante. Petite pause près d’une gargote puis retour d’une traite en sens inverse. Pour clore cette expédition géniale, nous barbotons dans le bassin devant l’entrée de la grotte.

Nous retournons manger le midi au petit restaurant de la guesthouse. Les enfants de la gérante semblent intrigués par le UNO, on se lance donc dans une explication très simplifiée du jeu et faisons quelques parties. Un très bon moment…

L’après midi sera consacrée au retour vers Ban Nahin. Nous tentons d’aller admirer le coucher de soleil en haut d’une colline. On dit « tenter » car le froid et le vent nous convaincront de rentrer plus vite que prévu. Le soir, une petite tempête s’abat sur la ville ; plus d’électricité, nous dînons à la bougie !

Thakhek-59

 

Jour 4 : de Ban Nahin à Thakhek (105 km)

Retour par la route 13. Rien de très palpitant, la route est même un peu monotone. Nous zappons le blue lagon et arrivons donc assez tôt à la gare routière de Thakhek pour acheter nos tickets de bus vers les 4000 îles le soir même.

Au total nous aurons parcouru environ 490 kms, et passé 4 jours vraiment supers, dans des sites naturels très beaux et variés, au cœur d’une campagne encore bien préservée.


Les photos de Thakhek, c’est par ici !



5 thoughts on “La pierre, l’eau et la terre

      Laisser un commentaire

      Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.