1er trek en autonomie

Nous avions été un peu déçus de ne pas pouvoir beaucoup randonner en Nouvelle Zélande. Avec le Pérou, on compte bien prendre notre revanche ! La Cordillère blanche offre une multitude de possibilités de randos, notre choix se porte sur le célèbre trek du Santa Cruz.

La phase préparatifs

Après le bon mal de tête de Nico en haut de la laguna 69, on se questionne sur notre capacité à faire le trek du Santa Cruz en autonomie, sans guide. 4 jours au milieu de nulle part en portant nos gros sacs, est-ce bien raisonnable ? Finalement, en discutant avec Diane et Vincent, 2 voyageurs au long cours rencontrés à Lima, on se motive à le faire à 4, en cas de pépins on ne sera pas seuls.

La veille du départ nous courrons à droite à gauche pour faire les courses. Pour les produits frais (pains, avocats, citrons,…) nous allons au marché, pour les choses plus spécifiques (thon, eau, pâtes, soupes,…) direction le supermarché. Nous emportons :

  • 3 petits déj : un mélange avoine, raisins secs, noix de coco, lait en poudre, cacao dans de petits sacs ziploc + thé à la coca.
  • 4 déjeuners : 1 salade de riz le 1er jour puis petits pains, mortadelle (2 tranches par pain, 3 pains/pers par repas) et fromage, thon/avocat/citron pour varier.
  • 3 dîners + 1 de secours : sachets de pâtes 250 gr cuisson 3 minutes, 2 sauces tomates, 2 sachets de noodles, 1 paquet de soupe (pour 5 assiettes).
  • Encas : raisins secs, amandes, pruneaux, galettes de kiwicha, biscuits.
  • 2 bouteilles d’1 litre chacun + pastilles micropures.

Après coup : on ne prendrait pas de petits pains ronds mais du pain de mie, moins encombrant. Les pâtes le soir était un repas trop lourd qu’on a eu du mal à manger. La soupe en entrée fait un bien fou !


Côte équipement, on embarque dans nos gros sacs à dos : nos sacs de couchage 0°C, notre tente quechua (les tentes proposées en ville ne sont guère mieux…), nos matelas autogonflants sous lesquels on glissera une couverture de survie, un réchaud + 2 petites bouteilles de gaz (achetés à Huaraz, 1 seule s’avèrera suffisante), nos ustensiles de cuisine, le chargeur solaire, les lampes torches, la liseuse, le téléphone de secours, les brosses à dents, un petit savon et une brosse, une petite trousse à pharmacie, le matos photo et vidéo.

Côté fringues : pantalon de rando, surpantalon imperméable, leggings, 2 paires de chaussettes, 2 sous vêtements, notre première couche mérino haut + bas, 1 tee shirt, 1 polaire, 1 doudoune compressible, 1 veste goretex, 1 buff, des gants, 1 bonnet, 1 casquette.

On sécurise ensemble le passeport, la monnaie et les billets d’entrée du parc.

Nous n’avons pas pu peser nos sacs mais on estime leur poids à environ 13-15 kgs.

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Le grand départ : on est motivé à 200 %

La douce mélodie du réveil nous sort du lit à 4h30. Nous attrapons facilement un collectivo pour Yungay à 1h de route. De là nous enchaînons avec un deuxième collectivo qui part à 7h pour Vaqueria. Nous montons, nous montons encore. Mais où va-t-on s’arrêter ? Les 3 heures de route passent assez vite car on est hypnotisés par le paysage. Les (très) hauts sommets enneigés nous entourent. Nous apercevons le mont Huascarán, le point culminant du Pérou avec ses 6 768 mètres.

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Le bus nous dépose. Il est 10h30, c’est parti ! 😊

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Nous descendons jusqu’à un petit village puis entamons une petite montée assez raide. On sent bien les sacs à dos…

Petite pause pique-nique avec vue sur le terrain de foot municipal et les montagnes et on repart. Les sandflies semblent apprécier le coin, pourvu qu’elles n’aiment pas l’altitude… 😭

Même si les montées ne sont pas un kiff total avec le poids du sac, on apprécie vraiment de marcher en pleine nature.

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Au moment où nous faisons une petite pause au bord d’une lagune, un couple nous rejoint. Les pauvres ont l’air exténués et pour cause ! Le mec porte son gros sac ET le sac de sa copine qui elle a l’air au bout du rouleau. On découvrira qu’ils n’ont pris que des tupperwares de salades pour les repas, ceci explique peut être cela…

La journée se poursuit en fond de vallée, ça monte légèrement, c’est agréable.

On boucle cette première journée de 9 km un peu plus tard que prévu mais il faut dire qu’on a plutôt pris notre temps. On monte la tente près de la rivière et le soleil disparaît derrière les montagnes. Ni une ni deux, on se met en mode esquimaux et enfilons toutes nos couches de vêtements. Les ânes, les vaches et les chiens nous tiennent compagnie.

A 19h30, c’est l’heure d’aller se coucher, demain une journée très difficile nous attend…

Le deuxième jour : on souffre

On était prévenu, ce deuxième jour va être corsé :  1 000 mètres de dénivelé positif avec un passage de col à 4750 m 😮 puis 550 m de dénivelé négatif. Ça monte dès la sortie du camping. Chacun va à son rythme. On traverse un petit plateau et après pas le choix, il faut grimper. Heureusement le paysage est magnifique et le soleil nous accompagne, de quoi nous donner du peps !

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Comme il vaut prévenir que guérir on se met tous à chiquer des feuilles de coca. C’est pas terrible au goût… Des troupeaux d’ânes portant l’équipement pour les groupes nous doublent. Ils portent des charges importantes, ça nous fait mal au cœur. Rien que pour ça on est content de faire ce trek en autonomie !

En fin de matinée nous arrivons au pied de la dernière montée de la journée. On voit le col tout là haut, il paraît si loin… Nous continuons la grimpette mais les jambes se font vraiment lourdes et le souffle, court. Le terrain tantôt rocailleux tantôt lisse n’arrange pas les choses.

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Au milieu de la montée, on décide de s’arrêter au bord d’une lagune pour manger un bout, histoire de se donner un peu de force. Le vent est glacial, on ne s’attarde pas trop.

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La montée ultime se présente sous forme d’escaliers. On n’en peut plus mais on a jamais été aussi proche. Allez ! Un pas après l’autre, on avance ! Et… c’est la délivrance ! Nous sommes arrivés au col de Punta Union !!! 4 750 mètres ! A 60 mètres près, on gravissait le Mont Blanc rendez vous compte !

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Nous sommes tous les 4 super contents et fiers. On a limite les larmes aux yeux. Le panorama qui s’offre à nous est une belle récompense, c’est fabuleux.

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On en profite une vingtaine de minutes puis il faut déjà songer à redescendre. Les lacets n’en finissent pas, on voit la vallée au loin avec le camping mais on a l’impression qu’elle s’éloigne.

La fin est vraiment difficile. Quand on arrive enfin au camping le soleil file en douce. Dur dur de monter le campement et de faire à manger quand ça caille comme ça…

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Avant le dodo, infirmière Anaïs doit traiter les bobos de son chéri. Le sac à dos a frotté sur les deux os en bas du dos et a provoqué de belles brûlures…

Nous dormons tout habillés et passons une nuit pas si mauvaise à 4 200 m.

Troisième jour : une journée sans fin

Le réveil est difficile, il fait très très froid, on peine à réchauffer nos orteils.

Comme on sait que le plus dur est derrière nous, on reprend la marche le lendemain matin tout guillerets. Mieux : on se rajoute une étape, un détour pour aller au camp de base de l’Alpamayo et admirer une lagune. Et ça grimpe encore ! On va avoir des mollets de cyclistes à la fin du trek ! Du mirador on a une superbe vue sur la vallée qui ressemble étrangement à un désert.

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Après un faux-plat montant, c’est un peu la déception : on aperçoit la graaannnde montée pour atteindre la lagune. La décision est prise de planquer nos sacs à dos derrière des rochers. Nico n’est pas trop chaud pour ça mais autant mettre toutes les chances de notre côté.

Diane et Vincent ont davantage la pêche et parviennent au bout assez vite. Nous, on se traîne. Mais comme toujours, on finit par y arriver et comme toujours ça valait vraiment le coup de souffrir…

Cette lagune n’est pas sans rappeler la laguna 69 avec ses eaux turquoises et ses glaciers. On avoue avoir une petite préférence pour celle que l’on a à présent devant nous.

Nous devons faire demi-tour par le même chemin puis descendre dans la vallée. Au moment de récupérer les sacs à dos, un troupeau de mules passent devant nous (chargées à bloc, elles portent les affaires des touristes qui font le tour de l’alpamayo). Tout à coup une des mules s’effondre juste devant nous. Son flanc fait des grands va-et-vient, il est évident qu’elle est épuisée. 2 minutes après arrive le muletier et… son fouet. Il la frappe à 4-5 reprises et même quand elle est enfin debout, il continue. Il nous regarde ensuite tout sourire et nous demande l’heure. Dommage que notre niveau d’espagnol soit si bas, on aurait voulu lui dire de vilains mots !

Nous faisons face à une montagne qui devrait peut être vous rappeler quelque chose… surtout si vous êtes cinéphiles…

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Alors ? Eh oui ! C’est la fameuse montagne qui aurait inspiré la Paramount !

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La descente est un peu raide, on prend garde de ne pas glisser avec nos chaussures (devenues lisses avec le temps). Le dos de Nico le fait souffrir et depuis le matin il a très mal au ventre. Difficile d’apprécier dans ces conditions.

Une fois arrivés dans la vallée, nous dégustons avec plaisir nos sandwichs mortadelle – fromage en compagnie de Marguerite.

Il nous reste pas mal de kilomètres à parcourir. Let’s go pour la traversée du désert de Santa Cruz ! La marche dans le sable s’apparente à la marche dans la neige, chaque pas est pénible. Vincent et Diane repèrent un chemin en pierre sur le côté. De la grosse caillasse, finalement on ne sait pas si on a gagné au change…

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L’heure tourne, il ne faut pas trop s’arrêter. Nous longeons deux lagunes puis arrivons enfin à un premier camping. Comme on n’en peut plus et qu’on est masos on décide de continuer encore 3 km jusqu’au prochain camping. Eh bien… ce sont les 3 km les plus longs de toute notre existence.

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Pour pimenter un peu le tout, à quelques centaines mètres du campement, on se retrouve bloqué par un petit ruisseau. Aucun moyen de le franchir. Nos copains ont des chaussures étanches, ils traversent sans problème. Quant à nous, il va falloir tester le bain de pied. Inutile de vous dire que l’eau est archi gelée.

A 17h30, après 17 longs km parcourus, nous arrivons enfin au camping. L’énergie a complètement quitté nos corps. On s’installe à l’écart des groupes, dans une zone minée par des crottins… 😒

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La nuit sera beaucoup moins fraîche que les deux dernières.

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4ème jour : une descente, des pierres et des cactus

Here we are ! The final day ! Nous levons le camp à 8h. L’objectif du jour est d’arriver avant midi au village de Cashapampa pour attraper un collectivo. Nous longeons la rivière en nous dirigeant progressivement dans la vallée. On est étonné car au début ça descend plutôt tranquillou. On sait qu’on a 800 mètres de dénivelé négatif à se farcir, on craint donc la fin du chemin et on a raison !

Aie aie aie les genoux ! Le chemin n’est pas facile. On s’auto-félicite d’avoir pris les bâtons de marche ! Nico craque. Toujours son dos et son ventre… et ce !☆ ?*# chemin qui n’en finit pas…

Il fait très chaud et sec, un terrain idéal pour les cactus ! On plaint vraiment les randonneurs qui font la marche dans l’autre sens et qui grimpent sous ce soleil…

Après plusieurs pauses et des mots grossiers proférés à l’encontre de ces maudites pierres, nous arrivons enfin, vers 12h, à Cashapampa. Mission réussie : après 50 km parcourus, plus de 1 500 m de dénivelé positif et au moins autant de négatif, un col à 4 750 m, nous avons terminé notre premier trek en autonomie !!!

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Nous rentrons en taxi jusque Caraz puis prenons un collectivo pour Huaraz. Nous profiterons d’une grande journée de repos bien méritée le lendemain.

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Le trek du Santa Cruz nous laisse de merveilleux souvenirs. Les paysages étaient fabuleux. Et après coup, même les galères ont un petit goût de victoire 😊 Cela nous a vraiment donné envie de tenter des randos plus longues dans la suite du voyage !


Les photos du trek de Santa Cruz, c’est par ici !



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