L’enfer vert

L’Amazonie est un grand rêve de voyageurs. C’est la définition même de l’aventure et de l’exotisme. Nous avons choisi la Bolivie comme porte d’entrée vers cet « enfer vert »…

 

A Rurre

Pour rejoindre Rurrenabaque, la porte d’entrée vers l’Amazonie, nous cassons la tirelire et achetons deux billets d’avion avec Air Amazonas. 2h d’avion contre 18h de bus, le calcul était vite fait !

Nous embarquons à 15h dans un minuscule petit coucou à hélices. Il y a une rangée de sièges de chaque côté, pas d’hôtesse ni de consignes de sécurité et la cabine des pilotes est ouverte. Euh, la sécurité on en reparle ou comment ça se passe ?

Anaïs n’est pas phobique de l’avion, au contraire, mais là ce vol est une épreuve. Qui dit petit avion dit on sent toutes les turbulences et les trous d’air. Elle fait une crise d’angoisse qui s’apaisera une fois l’avion stabilisé.

L’aéroport de Rurrenabaque est minuscule. L’air est moite, on fait tomber la veste.

On sent tout de suite le changement d’ambiance par rapport à la Paz. Les gens sont super sympas et cools. Ici c’est le règne du scooter. Rurre nous rappelle avec nostalgie l’Asie.

Nous sommes le 2 novembre, c’est la fête des morts (un bon jour pour un trajet en avion hein !). En Bolivie, c’est une fête plutôt joyeuse. Il y a beaucoup de stands de nourriture et de manèges près du cimetière. Dans celui-ci les familles s’installent sur la tombe du défunt et partagent un repas. Les tombes sont décorées de guirlandes et de fleurs. C’est une autre approche de la mort.

Le soir nous dégustons une super bonne pizza avec Julie, rencontrée dans l’avion.

Le lendemain, notre mission est de trouver une agence fiable et pas trop chère pour partir dans la jungle. Comme à notre habitude, nous déjeunons au marché. Il n’y a que nous, les locaux et un autre couple de touristes. Au moment de partir ceux-ci nous interpellent. S’ensuit une loonnngguueee conversation sur le voyage. Élodie et Sam sont eux aussi en Tour du monde.

On décide d’aller voir les agences ensemble. La première, Berraco del Madidi, nous séduit tout de suite. Le discours est simple, on ne nous survend pas la jungle et on nous épargne les activités telles la visite d’un village « traditionnel », le pressage de la canne à sucre, le maquillage tradi. Les agences Escorpions et Mashaquipe font plus business. On dépasse le budget fixé mais tant pis, on a l’intuition qu’on prend la bonne décision avec Berraco.

 

Jour 1 : on rejoint le camp

Berraco del Madidi possède le camp de base le plus éloigné de Rurrenabaque. Nous allons faire 7h de pirogue pour le rejoindre.

Personne ne s’est présenté entre temps au bureau, nous ne serons donc que tous les 4 pendant 4 jours. Super ! On fait connaissance avec l’équipe : Pedro notre guide et fondateur de l’agence (on apprendra plus tard qu’il a guidé des expéditions avec de grands photographes et que son père était lui-même guide), Nancy et Marta nos 2 cuisinières et Melvin notre conducteur de pirogue. L’ambiance est joyeuse.

C’est parti pour l’Amazonie !!!

Le bateau file sur les eaux marrons du Rio Beni. On pénètre dans le parc naturel protégé de Madidi.

Comme c’est la fin de la saison sèche, le niveau d’eau est assez bas par moment. Par 4 fois nous allons tous descendre du bateau pour le pousser. C’est « l’aventura » comme dit Pedro ! 🙂

Nous voyons beaucoup d’oiseaux, de papillons et de tortues. Les caïmans se font plus timides et sautent à l’eau dès qu’ils nous voient.

Et puis, à un moment donné, Pedro s’affole et demande à Melvin d’accélérer. Il a repéré une masse sombre dans l’eau. En s’approchant on voit une tête dépasser de l’eau : c’est un tapir !!! Il traverse le fleuve et grimpe sur la rive. Le temps pour nous de l’observer tranquillement. Ça commence bien !

Après 7h de navigation nous arrivons enfin au camp. On met la main à la pâte pour tout décharger puis découvrons le camp. Ouah. C’est trop beau et super propre ! Notre tente sous abris avec hamac et chaises/table est à l’écart du camp et des autres tentes. Nous sommes en tête à tête avec la jungle.

Pedro nous emmène faire une petite balade d’1h aux alentours du camp, l’occasion d’apercevoir nos toutes premières et gentilles bêbêtes…

Le repas du soir est super bon. Anaïs ne mange pas grand-chose, il y a de la tourista dans l’air…

Ce soir on s’endort aux sons des insectes, des oiseaux et des craquements de branches ( Nico donne la lampe je crois qu’il y a un puma par là !!! ). Les lucioles scintillent dans la nuit. C’est magique.

 

Jour 2 : 6h de marche dans la jungle

Après une bonne nuit et un déjeuner super copieux, nous partons en pirogue rejoindre la rive opposée. Nous allons tenter d’apercevoir des animaux. La marche dans la jungle n’est pas de tout repos. Le terrain n’est étonnamment pas toujours plat, il faut faire attention aux branchages et lutter contre des hordes de moustiques ou, parfois, des guêpes et des fourmis rouges. Ajoutons à cela la chaleur et l’humidité… On comprend mieux pourquoi l’Amazonie est appelée « l’enfer vert » !

Nous observons beaucoup d’oiseaux comme le condor d’Amazonie, les colibris, les aras et bien d’autres !

Contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer, les animaux se font plutôt discrets dans la jungle. Il faut faire preuve de beaucoup de patience et de silence mais on adore jouer aux explorateurs de la jungle ! Chaque rencontre avec un animal est une récompense qu’on apprécie pleinement.

Au bout de 5h de marche, sans crier gare, que voit-on passer juste devant nous ? Un PUMA !! On ne l’a pas du tout entendu ! La rencontre est brève, on préfère essayer de l’apercevoir que de prendre une photo. Pour info voilà à quoi ressemble la bête :

La pause de midi et la petite sieste dans le hamac sont les bienvenus. En fin d’après midi nous nous installons sur une plate-forme d’observation créée par Pedro pour tenter d’apercevoir des cochons sauvages (berraco). Les animaux viennent dans cette clairière pour ingérer des nutriments et se guérir ainsi de certaines toxines. Une automédication 100% naturelle ! Malheureusement nous ne verrons aucun animal… (enfin, on aurait pu si Anaïs avait su rester discrète en revenant de son n-ième sortie wc 😉 )

Nous rentrons au camp à la lumière des frontales. Elodie (et ses yeux de lynx) aperçoit un tamanoir ! La nuit, la jungle change de visage : le monde des insectes se réveille…

 

Jour 3 : à l’eau !

Grosse journée en perspective. Ce matin, Pedro nous initie aux vertus des plantes médicinales et nous fait un cours de survie dans la jungle. Tout est à portée de main, il suffit de connaître. Le remède à base d’écorce d’arbre et de gingembre préparé la veille pour la turista d’Anaïs a super bien marché.

Les fruits du jardin du camp :

– Tu boiras bien un coup ?

– Bon d’accord… mais une branche, pas plus !

Gare au curare ! Ce puissant poison, utilisé par les indiens d’Amazonie pour chasser, provoque une paralysie avec relâchement musculaire. La mort survient par asphyxie.

Cosmétiques bio.

Aujourd’hui nous allons ramener le dîner en pêchant, enfin on va essayer ! Mais pas n’importe comment ! A la manière traditionnelle. Comprenez avec seulement du fil et un hameçon. Mais avant d’attraper du gros il faut débusquer le petit !

1. Recherche de noix autour d’un arbre ;

2. Recherche de larves dans les noix. Nous en récoltons une bonne dizaine ;

3. En option : dégustation du produit pour s’assurer de sa fraîcheur ;

4. Longue marche dans la jungle puis le long de la rivière pour trouver un trou d’eau propice à la pêche. On croise un gros serpent et on suit des traces de jaguar et de sa proie (qui suit qui ?) toutes fraîches ;

5. La chaleur devient insupportable. Pour certains passages, les bottes ne suffisent plus, c’est le bain de pieds. Ceux-ci s’enfoncent dans la boue qui ressemble à des sables mouvants. On se demande ce qu’on fout là ;

6. Premiers lancers de lignes pas très concluants. Pedro = près d’une dizaine de petites sardines. Nous = 0. On retourne sur nos pas et là c’est l’eldorado des sardines. Tout le monde réussit à en attraper. On est tout fiers 😊

7. Après un bon déjeuner dans le bateau, on se pose en bord de rivière (la grosse cette fois). Le défi est de taille : essayer d’attraper de très gros poissons (piranhas géants, poissons chats,…) avec pour victimes nos petites sardines. Au bout de 5 minutes, ça mord du côté d’Anaïs. Ce doit être une belle bête au bout car ça tire un max. A la main c’est super difficile. Le combat est perdu. Poissons 1 humains 0.

10 minutes plus tard ça recommence. Anaïs appelle Nico à la rescousse. Il faut faire vite. Nico gère ça comme un chef et réussit à pêcher un beau poisson-chat !!! Poissons 1 humains 1.

Pedro et Melvin en pêchent 1 chacun également. L’un d’eux est énnnoooorrmmmee.

C’est la chaîne de la vie… la noix est grignotée par l’asticot, l’asticot est mangé par la sardine qui est croquée par le gros poisson qui est dégusté par l’Homme qui se fait DÉVORER par les sandflies. La question demeure : mais qui bouffe ces satanées sandflies ???

On avoue on fuit devant l’ennemi mais avec classe c’est-à-dire sur un superbe radeau ! Un nouveau mode de transport encore jamais testé en Tour du Monde.

La descente de la rivière au coucher de soleil, absolument seuls au monde, restera l’un de nos plus souvenirs de voyage. Tout y était : les paysages, les animaux, le silence, les rapides, les copains et surtout les rires. C’est à celui qui fera tomber l’autre et Pedro n’est pas en reste ! A un moment les rondins de bois commencent à se détacher et les rapides arrivent. Gros fou rire.

On s’essaie aussi au paddle collectif.

Bref, cette journée c’était que du bonheur 😊

 

Jour 4 : le retour

Dernier petit déjeuner. Les mines sont tristes. Pedro nous propose de retourner à la plate-forme d’observation mais encore une fois on fait chou blanc. Après avoir rangé nos affaires, nous quittons le camp le cœur serré. On essaie de profiter pleinement de ces dernières heures de pirogue aux abords de la jungle. Beaucoup d’oiseaux croisent notre route.

Au bout de 5h de navigation, nous faisons un stop pour découvrir une falaise où les aras viennent se réfugier. Les lieux sont bien aménagés. Ils seront d’ailleurs bientôt payants. Du haut du mirador nous voyons de loin quelques volatiles mais pas autant que ce que nous aurions souhaité.

18h sonne l’heure du retour à la civilisation. Les au revoir sont joyeux et tristes à la fois.

Nous n’oublierons jamais ces 4 jours dans la jungle amazonienne. Nous allons vite effacer de notre mémoire le trio infernal moustiques/fourmis rouges/abeilles, la chaleur et l’humidité et la turista pour Anaïs. Et nous retiendrons surtout : la beauté de la jungle et son caractère mystérieux, la rencontre avec des animaux exotiques dans leur milieu naturel, l’apprentissage des vertus des plantes, la descente en radeau, la pêche, le confort du camp et la naissance d’une belle amitié…


Les photos de l’amazonie bolivienne, c’est par ici !



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