Après le site du Machu Picchu, le Salar d’Uyuni et les paysages de Patagonie, voici un panorama d’Amérique du sud que nous avions hâte d’admirer : le glacier du Perito Moreno.
Un géant de la Nature
La route (non bitumée) entre El Chaltén et El Calafate nous offre des paysages époustouflants. Des vigognes et des nandous (grandes autruches) tournent paresseusement la tête à notre passage.
L’ambiance dans la petite ville d’El Calafate est assez différente de sa voisine El Chaltén. Dès la gare routière, où s’alignent des pancartes pour différentes excursions, on sent que le tourisme est la principale ressource de la ville. Dans le centre la concurrence est rude entre les restos, agences d’excursion et magasins de souvenirs mais ça reste mignon malgré tout.
Le camping El Ovejero où nous nous installons est bien situé et bien équipé. Pourtant il va nous donner du fil à retordre ! Le vent allié à la poussière du sol va vite transformer l’intérieur de la tente en champ de bataille. La sève qui coule continuellement des arbres est en train de pourrir la toile extérieure. Bref, après 1 déménagement d’emplacement, 2 ménages et diverses tentatives de calfeutrage, on a qu’une envie : partir 😡
Pour se rendre au glacier Perito Moreno, il existe 3 possibilités : le minibus (450 pesos soit 26,5 € !!! Euh pardon ?), la voiture de loc (réservée à l’avance ça peut être rentable) ou le stop… On exclue direct la 1ère, on tente la 2ème mais il n’y a plus de dispo… reste le stop. On marche (beaucoup) pour s’excentrer un peu. Problème : soit les voitures sont pleines soit ce sont des locaux. Au bout de 45 minutes, une voiture s’arrête enfin ! A son bord Aurélie et Moms, 2 français vivant en Nouvelle Calédonie. On sympathise tellement bien qu’on va passer la journée ensemble !
Avant de pénétrer dans le parc naturel, il faut régler la « douloureuse » taxe d’entrée de 330 pesos par personne (19 €). Tout comme le Machu Picchu ou le Taj Mahal, le prix d’entrée est sans cesse revu à la hausse. En mars il faudra payer 500 pesos ! Une partie du Perito se dévoile alors à nous, ça nous met l’eau à la bouche !
A l’arrivée le temps est plutôt gris, il tombe une fine pluie. Mais peu importe, aujourd’hui rien ne peut entamer notre enthousiasme. On retient presque notre souffle avant de le découvrir.
On en a pris des claques visuelles pendant 1 an, mais alors celle-ci… elle est sacrément balèze ! On est hypnotisés par l’immensité du glacier et par ses couleurs. Du bleu très pâle à la surface au bleu foncé et profond des failles.
Nous empruntons les passerelles qui longent le front du glacier et permettent de l’admirer sous différents angles ; d’abord de face et assez loin puis rapproché et de côté.
Pour que vous puissiez vous rendre compte de l’immensité de ce monstre de glace, voici quelques chiffres (parlants) : le front du glacier fait 5 km de longueur et environ 70 m de hauteur. Le Perito Moreno s’étend sur 30 km et a une surface de 250 km². Son épaisseur atteint plusieurs centaines de mètres par endroits.
Le Perito Moreno est un des seuls glaciers en Patagonie à ne pas reculer. Il avance quotidiennement jusqu’à 2 mètres en moyenne. On l’entend gronder. C’est impressionnant ! Nous observons, médusés, plusieurs détachements de blocs de glace sur le front du glacier donnant ainsi naissance à des icebergs (processus appelé « vêlage »).
Savez-vous pourquoi la glace nous apparaît si profondément bleue ? En fait la glace se forme en altitude par les chutes de neige. En se compactant, celle-ci ne laisse plus passer que la longueur d’onde bleue. Plus la glace est dense, plus le bleu est foncé.
Nous faisons le tour des différents circuits puis rentrons tranquillement en fin d’après-midi à El Calafate pour boire un bon chocolat chaud (ou une bière c’est selon !). Mais l’aventure ne s’arrête pas là… Merci encore les copains pour cette belle journée 😉
Le jour où j’ai marché sur un glacier
A l’occasion de mon pot de départ, mes collègues et amis, avec la complicité d’Anaïs m’ont offert une excursion sur le Perito Moreno ! Plus d’un an après, je peux enfin profiter de mon cadeau, j’ai hâte 😃
Une seule compagnie permet d’aller marcher sur ce géant de glace, Hielo y Aventura. Deux solutions, le mini-trekking ou le Big Ice. Vous pensez bien que j’ai pris la seconde option, plus sportive, plus intense et où on est censé aller beaucoup plus loin sur le glacier.
La journée débute donc à 6h, un bus dédié nous emmène au parc. Je refais le même chemin que la veille et comme la veille, il faut s’acquitter du droit d’entrée…
1ère étape de la journée : balade sur la passerelle centrale. Comme la veille, je suis hypnotisé par ce monstre de la nature, impressionné par ses grondements incessants et en émois lorsque d’imposants blocs de glace se décrochent, je ne m’en lasse pas.
Au moment de repartir, je sympathise avec Alex, un français amateur de photo lui-aussi et semi-pro de boxe thaï. Apparemment il a des broches et des plaques partout dans le corps… un point commun !
On prend ensuite un bateau qui nous emmène sur le versant Sud du Perito. Approcher le glacier par le lac est une émotion nouvelle. Même si on ne peut pas aller à moins de 300 mètres pour des raisons de sécurité, celui-ci m’apparaît encore plus immense.
A l’arrivée, les différents guides nous donnent nos crampons, quelques explications, et c’est parti pour une marche de 2,5 km le long du glacier afin d’accéder au point de départ.
Là, on chausse les crampons, on met un baudrier et des gants (pour éviter de rester collé à la glace), on se sépare en 6 groupes de 10 (oui, nous sommes quand même 60 !) et on attaque les choses sérieuses 😃
Il y a deux guides par groupe, un que l’on doit suivre en file indienne et l’autre qui cherche un chemin sûr. Et oui, contrairement au mini-trekking, nous ne sommes pas sur un chemin balisé ! Et comme le glacier avance, le paysage change tous les jours. Au début, la marche avec les crampons n’est pas évidente, il faut bien écarter les pieds, rester vertical et toujours avoir le pied aval dans le sens de la pente.
Nous commençons par remonter le glacier sur son flanc. Notre guide, très sympa, prend le temps de nous expliquer le comportement et la vie du glacier. Nous bifurquons ensuite vers l’intérieur de cette mer de glace. Là le paysage devient vraiment exceptionnel. Nous sommes au milieu de vagues de glace, de rivières d’un bleu irréel, de cascades, de grottes, de crevasses, de montagnes gelées…
Plusieurs fois avec Alex nous nous regardons, sans rien dire, le sourire aux lèvres. Quelle chance d’être ici, de pouvoir contempler ce que la nature fait de plus beau et de plus incroyable, de ressentir sa force et sa puissance.
Au total nous marchons 4,5 km en 3h sur le glacier, avec une pause déjeuner. Puis il faut faire le chemin inverse. Autant vous dire qu’à la fin j’étais bien fatigué.
Juste avant de remonter sur le bateau, un bloc de glace de la hauteur du glacier se décroche, énorme ! La fin de journée, après que la glace se soit un peu réchauffée, est propice à cela. Et le spectacle n’est pas fini. Alors que le bateau démarre et qu’on nous offre un « whisky on the rock », un pan entier de glacier, d’environ 70 m de haut par pas moins de 100 m de large, se décroche. La vague est énorme et oblige le bateau à se mettre face à elle.
Ceci ponctue donc une journée qui restera mémorable et je remercie encore mes collègues pour ce cadeau. Au final, si j’ai eu peur au début de l’aspect touristique de ce tour, je dois dire que je n’ai pas été déçu et qu’il vaut vraiment le coup. Aujourd’hui je peux le dire, le 14 janvier 2017, j’ai marché sur le glacier Perito Moreno.
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