Arctic Circle Trail, partie 1

Le trajet un peu mouvementé pour le Groenland semble déjà loin derrière nous. La découverte de la calotte polaire nous a projeté dans un autre monde… Le bus vient de partir. A partir de maintenant nous ne pouvons compter que sur nos jambes pour nous mener vers notre but : la côte ouest du Groenland.

 

Jour 1 : Dormir face à un glacier 

Il est 18h quand nous commençons à marcher mais rien ne presse, à cette période le soleil se couche à 23h30 ! L’objectif du jour est d’atteindre le Russell Glacier à 12 km en empruntant la même route que le bus. Nous laissons partir devant nos 2 compères de marche et profitons encore des différentes vues sur L’inlandsis. Le silence est total. Nous sommes seuls au monde.

Petit à petit le vent se lève. Petit air de Patagonie… C’est vivifiant mais très vite les yeux s’irritent et on ne s’entend plus parler ! Nous croisons un autre marcheur solo dans l’autre sens, on ne le sait pas encore mais Lars fera bientôt partie des rencontres marquantes de notre séjour.

Des cairns en bord de route indique un petit chemin, nous le prenons. Surprise ! Il débouche sur un glacier !

Des petites tables de camping et des toilettes sèches sont plantés là, dans l’herbe à coton. Sans doute le coin déjeuner des excursions en groupe… On resterait bien là pour la nuit mais il faut avancer.

Les jambes commencent d’ailleurs à fatiguer. C’est connu : les 3 premiers jours de rando sont toujours les plus durs, le temps que le corps s’habitue à l’effort et au portage et l’ACT ne va pas faillir à la règle. Heureusement, nous avons laissé quelques kilos de nourriture à l’auberge pour ces deux premiers jours. Au bout de 12 km nous nous retrouvons devant la moraine du glacier Russell mais point de chemin. La carte dont nous disposons n’est pas assez précises (échelle 1/100 000) et le livre de la rando (Trekking in Greenland : The Arctic Circle Trail) n’est pas d’un grand secours non plus sur cette partie. Le guide du bus nous avait parlé d’un cairn et d’une montée, on poursuit donc…

Les derniers kilomètres sont un peu déprimants, le ciel s’est assombri, il y a quelques gouttes, les paysages sont un peu moins « spectaculaires ». Au bout d’un moment on aperçoit enfin une montée et à gauche un chemin avec deux petits points noirs en mouvement, l’autre couple de marcheurs ! On bifurque au cairn et attaquons la montée (c’était pas prévu ça !) un peu au pas de course à cause de la pluie. 15 minutes plus tard, le glacier apparaît enfin ! Il se fait de plus en plus gros à mesure que nous approchons. Au final c’est un bloc de glace monumental qui se dresse devant nous, minuscules petits humains.

Dès lors toutes les pensées négatives et la fatigue s’envolent. On reste bouche bée devant un tel spectacle.

Il est 21h30, l’heure de planter la tente. Deux autres tentes sont installées mais le site est tellement grand qu’on ne risque pas de se gêner. Malgré l’entraînement d’avant départ, nous ne sommes pas encore totalement au point pour l’installation du camp, on a une dizaine de jours pour peaufiner ça.

La nuit ne va pas être très reposante en raison du vent, de la pluie et des grondements impressionnants du glacier juste en face de nous. Au matin, le ciel est un peu nuageux mais la pluie a cessé.


Les chiffres de la journée :

16,35 kilomètres

455 mètres de dénivelé négatif

170 mètres de dénivelé positif

4h15 de marche

1 marcheur croisé


Jour 2 : 25 km c’est (trop) long !

La vue depuis la tente est digne des plus beaux palaces. Quel bonheur d’être ici ! On doit encore se pincer pour y croire.

Nous mangeons notre 1er petit déjeuner du trek préparé par nos soins : avoine, fruits secs, chocolat, lait en poudre. Un régal ! On s’était fait avoir sur les quantités sur le trek du Choquequirao, une fois mais pas deux !

Après avoir remballé le camp, nous partons explorer le secteur.

Pendant toute la matinée, nous admirons le glacier Russell sous tous les angles.

Cela nous rappelle avec nostalgie le Perito Moreno (qui est quand même bien plus grand), la foule en moins puisque nous sommes tout seuls !

La tentation est grande de s’approcher au plus près de la glace pour la toucher mais le risque de vêlage est bel et bien là. Nous n’avons d’ailleurs pas la chance de le voir en action.

Vers 11h30 il est temps de partir, une longue journée de marche nous attend. Nous longeons le front du glacier et empruntons une piste de sable.

Tout à coup, Nico aperçoit un troupeau de bœufs musqués sur la colline d’en face ! On en dénombre 5 dont un petit. C’est à ce moment-là qu’on se rend compte que l’on a oublié nos jumelles dans le bus… elles nous auraient été bien utiles…

Le bœuf musqué a été introduit dans la région en 1962, on en compte plus de 10 000 à présent. Il continue à être chassé, c’est d’ailleurs une activité phare du coin pour les touristes (no comment). Omingmak (« l’animal dont la fourrure est comme une barbe ») est un animal assez étonnant :

  • Sa laine est encore plus fine que le cachemire et serait l’une des plus chaudes du monde. A la boutique de Kangerlussuaq, le simple bonnet vaut plus de 160 euros !
  • Contrairement à ce que son nom et son aspect pourraient faire croire, il fait partie de la famille des caprinés et non des bovins au même titre que la chèvre des montagnes ! 😮
  • Il apparaît massif mais en vrai il ne mesure que 125-140 cm, plus petit qu’Anaïs pour donner une échelle. Il a par contre une force de frappe pendant les combats d’accouplement de 950 kg ! Ne pas trop le sous-estimer donc…
  • Quand le troupeau se sent menacé, il forme un cercle en plaçant les petits bouvillons au centre, le plus costaud se charge ensuite d’attaquer.

Le chemin se poursuit en traversant la plaine des sables. Nous marchions sur la glace hier, aujourd’hui dans des dunes de sable, je crois que ce pays n’a pas fini de nous surprendre !

Nous rejoignons en début d’après midi la piste empruntée la veille. Petite pause le temps d’avaler un aligot aveyronnais et c’est reparti !

A partir de là nous croisons quelques véhicules (taxis, bus, vélos). La route est caillouteuse et joue aux montagnes russes… Les lignes droites sont interminables… ça y est on fatigue…

Nous repassons devant la carcasse d’avion (nous n’avons pas tout compris à l’histoire de ce crash…) qui se conserve plutôt bien dans ce terrain sec.

Le Sugar Loaf est en vue.

Son contournement paraît interminable. Nous n’avons pas la foi de monter en haut…

Pour couronner le tout, nous manquons d’eau. Dans certains lacs alentours l’eau est toxique ou alors le lac n’est pas accessible et nous avons oublié nos snacks à Kangerlussuaq

Les 7 derniers kilomètres après le Sugar Loaf sont les plus durs. La piste est longue et monotone…

Nous longeons la zone militaire (il est alors strictement interdit de quitter la route) puis une zone d’expérimentation de plantation d’arbres. Car oui, on a oublié de vous dire : il n’y a pas d’arbres au Groenland !! Du moins pas dans la toundra polaire.

L’arrivée au golf de Kangerlussuaq est la dernière étape avant la ville. Oui oui un golf ici, au milieu de nulle part. Il s’agit du golf à 18 trous le plus au nord de la planète.

Nous terminons la rando en mode zombies. Je me fais piquer par un moustique en plein sur le front (le premier d’une très longue série) et les mouches commencent à nous attaquer le visage. Il était temps qu’on arrive !

Près de 26 km en une journée, nouveau record pour nous ! Au final, mis à part le glacier et le début de la plaine des sables, nous avons trouvé cette portion de route très monotone et sans grand intérêt. Cela aura au moins eu le mérite de nous échauffer et de tester le matériel avant d’entamer l’ACT.

Après une bonne douche, un énorme plat de pâtes et une excellente nuit, nous sommes d’attaque pour débuter le trek. Adieu la civilisation !


Les chiffres de la journée :

25,80 kilomètres

266 mètres de dénivelé négatif

170 mètres de dénivelé positif

7h55 de marche

1 marcheur croisé


Les photos de nos deux premiers jours de trek, c’est par ici !



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