Mariage et érotisme

Nous quittons Agra et son Taj pour rejoindre la petite ville de Khajuraho. Dans le train, nous faisons la connaissance de Romain, un voyageur français vivant au Quebec, photographe (pour le plus grand bonheur de Nico), que nous recroiserons ensuite à Varanasi. Il nous raconte comment il s’est retrouvé avec un chauffeur pour son séjour alors qu’il n’avait pas du tout prévu cela. Il est tombé (et c’est loin d’être le seul) entre les griffes impitoyables d’un pseudo office du tourisme qui a réussi à lui vendre un tour tout compris. Attention donc à ces « offices de tourisme » ! Vous paierez un certain prix (supérieur à un voyage individuel) pour des prestations très aléatoires, avec en plus le sentiment amer de vous être fait avoir.

Khajuraho est surtout connu pour ses temples datant du X-XIII siècles classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Au nombre de 22, ils sont plantés dans un écrin de verdure très bien entretenu (pour une fois !), on prend donc plaisir à s’y balader.

Toutes les façades extérieures sont sculptées. On est impressionnés par la finesse et la précision de leurs sculptures qui représentent principalement les dieux hindouistes, les beautés célestes, des scènes de chasse, de guerre et… des scènes érotiques ! Elles sont surtout inspirées du tantrisme et du kama sutra mais pour certaines, notamment les scènes de zoophilie, la signification reste floue. Nico s’est assez vite intéressé à l’architecture des lieux…

Nous louons des vélos pour nous déplacer facilement entre les temples. Bon, avec des montures pareilles on est pas prêts de faire le tour de France mais pour une balade dans la campagne ça fera l’affaire ! C’est d’ailleurs la première fois depuis le début du voyage qu’on se retrouve en milieu rural et c’est très agréable. Les femmes portent les récoltes sur leur tête, les bœufs tirent les charrettes, les éleveurs déplacent leurs troupeaux. On ne s’attarde pas dans le vieux village pourtant plein de charme car les enfants se font un peu trop insistants, ils n’ont que le mot « money » à la bouche…

Khajuraho-velo

Les plus beaux moments de voyage sont souvent là où on ne les attend pas. Et Khajuraho fera partie de ces moments uniques, imprévus que l’on oubliera pas. Tout est parti d’une invitation. Umesh, qui tient la Yogi ashram guesthouse où nous logions, est venu nous voir en milieu d’après midi pour nous proposer de l’accompagner au mariage de son frère dans un village à deux heures de route d’ici. On était très fatigués et prêts à se lever tôt le lendemain pour visiter les temples mais une occasion comme celle-ci, ça ne se refuse pas ! Nous voilà donc partis en voiture, on ne sait pas trop vers quoi mais on a confiance en Umesh. A notre arrivée, on nous dirige vers le buffet où on goûtera à quelques plats non épicés. Il n’y a évidemment aucune goutte d’alcool, ici on carbure au café ou au thé et cela ne les empêche pas de s’amuser ! Tout le monde nous regarde. La communication est parfois difficile à cause de la barrière de la langue. Ce sont surtout les jeunes qui viennent nous poser des questions. Umesh nous conduit ensuite au lieu où se réunit la famille. Là encore on nous ressert à manger, c’est difficile de refuser, ils sont tous adorables. Puis vient l’heure de la procession : le marié défile dans le village sur un char. Il est précédé des hommes de la famille, des amis et des connaissances. La musique et les tambours résonnent dans les rues. On nous invite plusieurs fois à venir danser devant le cortège avec tout le monde. C’est une situation surréaliste mais loin d’être déplaisante 🙂

Quand le tour est fini, on nous bénit et on nous invite à nous asseoir sous le chapiteau pour l’arrivée de la mariée. Entre temps on fait la connaissance des membres de la famille d’Umesh, ils sont tous très attachants. La mariée, superbe dans son sari rouge, avance jusqu’à l’estrade. Son visage est neutre, presque triste. On nous explique que c’est un mariage arrangé, que les mariés (tous les deux enseignants) ne se connaissent pratiquement pas et que c’est donc un jour assez stressant pour la mariée. S’en suivent des rituels dont la signification nous échappe et la traditionnelle séance photo, ça c’est universel !

A minuit, il est temps pour nous de retourner à Khajuraho. Au moment de partir les familles des mariés viennent nous saluer et nous offrent une boîte métallique contenant des pâtisseries et… de l’argent ! On refuse mais c’est la coutume, c’est pour porter chance. On leur fait un dernier signe de la main de la voiture. On les quitte le cœur serré mais on est heureux d’avoir vécu ce beau moment de partage et de générosité…


Les photos de Khajuraho, c’est par ici !



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